19/07/2015
Avec les bélugas: semaine du 13 juillet
TRUCS DE CHERCHEURS POUR LES RECONNAÎTRE
Dans le cadre de notre projet d’étude comportementale du béluga du Saint-Laurent, nous avons réalisé, au cours des trois jours de sortie, 13 h d’observation sur 25 h en mer. Nous avons commencé par explorer l’embouchure du fjord du Saguenay jusqu’à la baie Saint-Marguerite et ensuite le secteur de Charlevoix, entre le cap du Basque (Baie-Sainte-Catherine) et le cap de la Tête au Chien (Saint-Siméon). Sur la rive sud, nous avons navigué au large de l’île Verte jusqu’au large de Cacouna. De façon générale, la visibilité était excellente et la couverture nuageuse basse. Les vents ont rendu la navigation un peu plus sportive au cours d’une journée causant de fortes vagues. Mise à part cette journée, la mer était plutôt calme. Nous avons observé quatre troupeaux: deux d’entre eux d’une dizaine d’individus constitués de jeunes gris et d’adultes, et les deux autres, plus gros, avec un fort pourcentage de gris et de veaux. Parmi eux se trouvaient deux nouveau-nés que nous n’avions pas encore répertoriés! La plupart du temps, les bélugas étaient en déplacement, plus ou moins dynamiques.
Mardi, 14 juillet 2015: Il est 10 h 24, nous observons un veau parmi le troupeau. On tire plusieurs informations en observant les nouveau-nés. Premièrement, lorsqu’un veau nage collé contre le flanc d’un autre béluga, nous pouvons supposer qu’il s’agit de sa mère; et si cette présumée mère est observée à plusieurs reprises avec un veau, nous pouvons conclure qu’il s’agit d’une femelle. Deuxièmement, si nous connaissons cette femelle, nous savons qu’elle est féconde. À force de l’observer année après année, avec ses veaux, nous pouvons construire son album de famille et connaître ses liens familiaux avec d’autres bélugas. Aujourd’hui, dans le cas de cette observation, nous n’avons pas identifié concrètement la mère du veau.
Jeudi, 16 juillet 2015: Vers 10 h 03, nous approchons un adulte accompagné d’un gris et d’un veau. Ils ne portent pas de marques particulières, ce qui nous aurait permis de les identifier. Comme les bélugas adultes sont blancs, ce sont les marques (cicatrice, déformation, caractère spécial ou forme particulière) que porte un béluga qui nous permettent de le distinguer. Sur une population estimée à 900 individus, nous en reconnaissons environ 350 à l’aide de la photo-identification. Dans le même groupe, nous prenons aussi une biopsie d’un béluga portant une marque visible. Dans le cadre de notre étude, nous prenons ce petit morceau de peau seulement sur des animaux qui dotés de marques identifiables. Au cap de la Tête au Chien, à 150 m de la côte, nous rencontrons un groupe de huit bélugas, probablement des femelles, qui semblent se déplacer, mais sans bouger. En fait, ils font face au courant et nagent sur place. Ce comportement est fréquemment observé dans ce secteur. On croit que ce serait peut-être pour augmenter la manœuvrabilité pour la capture des proies.
Vendredi, 17 juillet 2015: Nous observons un individu qui porte des marques bien définies: une tache près du cou et une dépression au-dessus. Nous sommes incapables de l’identifier à bord du bateau, mais ces caractéristiques précises feront de lui un bon candidat pour l’appariement. Nous envoyons toujours les photos de bélugas rencontrés à nos techniciens de recherche au laboratoire. L’un d’eux a pu identifier notre béluga: il s’agit de DL0249, un individu que nous avions observé la dernière fois en 1998, soit 17 ans plus tôt! Ce béluga passait surement inaperçu à nos yeux puisque, même si la tache est toujours bien visible, le creux au-dessus n’y était pas. De plus, lorsque nous photographions les bélugas, il est très difficile d’y exposer cette partie du corps. Tout un défi la photo-identification!
En rafale, voici les vedettes qui ont été observées cette semaine: Céline, Miss Frontenac, DL0030, Blanche, DL1944, Géographis, Annakpok et DL2023
Le Bleuvet est un bateau du GREMM. Il est dédié au programme de recherche à long terme sur les bélugas du Saint-Laurent.